Les cantonales 2004
LES CANTONALES 2004
(21 et 28 mars 2004)
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Après les municipales de 2001 et les soubresauts de la guerre des communautés de communes, une nouvelle échéance se profile : les cantonales 2004.
Pour la dernière, fois Michel Gargamel et André Popeye s'affrontent. Combat à la Pyrrhus : les deux vont perdre.
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LES CANDIDATS
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Michel Gargamel voit depuis deux ans son paysage politique s'assombrir. Il a quitté le Parti Socialiste pour rallier en 1995 le "Che", ce qui permet à tous ses ennemis de gauche de relever la tête : il laisse un vide dans lequel vont s'engouffrer ses rivaux du PS. ELu "Mouvement des citoyens" aux législatives de 1997, il est battu en 2002. Il n'a pas réussi à s'asseoir dans le siège de président de la CCBL. Il ne lui reste plus que le mandat de Conseiller Général qu'il va essayer de conderver.
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André Popeye est sûr de lui. Il a modestement souhaité n'être que sixième vice-président (sans indemnités) de l'usine à gaz "Entre Dordogne et Louyre". En fait il a "gagné" par défaut la bataille des communautés de communes. Il a torpillé la constitution d'une communauté de communes regroupant tout le canton. Il a aussi empêché (grandement aidé pour cela par le CM de Lalinde) Michel Gargamel de s'installer à la CCBL. C'est maintenant le second round. Il faut terrasser Michel Gargamel en l'empêchant à tout prix de conserver le Conseil Général.
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Revient alors, à pas feutré, Serge Oui-oui. Maire de Saint-Agne depuis 1989, Directeur Adjoint à la Chambre d'Agriculture, il a pris une gamelle contre Michel Gargamel en 1998. Il repart à l'assaut en 2004.
- Mais il y a déjà un candidat de gauche ?
- Oui, oui mais moi je suis un vrai PS...
- Cà suffit pour faire 51 % ?
- Oui, oui, avec les voix de droite...
- Mais il y a Pierre Brunel ?
- Oui, oui, mais André Popeye me soutient...
- Il ne soutient pas le candidat de droite ?
- Oui, oui, il le dit, mais il fait voter pour moi...
- Mais c'est immoral !
- Oui, oui, mais c'est la politique...
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Il y a aussi Laurent Barbe Rouge, le pirate borgne qui ne voit que de l'oeil gauche.
Syndicaliste CGT, il séquestre ses patrons, ce qui lui vaut d'être viré de la SNPE. Le Parti Communiste lui trouve alors une place d'attaché parlementaire. Conseiller municipal puis Premier adjoint à Saint-Capraise, il a affonté Michel Gargamel en 1992, l'année où celui-ci a été battu par Philippe Dudreuilh.
En 1998, il s'est opposé à Michel Gargamel et Serge Oui-Oui. Dans aucun des cas, il n'a réussi à dépasser le premier tour mais, sans état d'âme, il se désiste systématiquement pour le candidat de gauche le mieux placé.
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La Droite, après Dudreuilh-le-Victorieux, n'a pu que se contenter de figurer au second tour en 1998 avec le vétérinaire Christian Carrard. En 2004, elle présente un journaliste à la retraite, Pierre Brunel, élu de Lalinde. C'est lui qui a mis en place la CCBL et en a pris la présidence en octobre 2002. En février 2003, on le décore de l'Ordre National du Mérite. Tout va pour le mieux pour lui. Il se sent pousser des ailes et se verrait bien Conseiller Général. Certains trouvent qu'il a les dents trops longues. On connaît la suite : le clash de Couze, le lâchage de Lalinde, sa démission de la CCBL, Christian Iznogood se précipitant dans son fauteuil encore chaud... C'est donc un candidat affaibli qui entre en scène.
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Le Front National, comme un vers dans une pomme, grignote élection après élection des points de pourcentage. Après la candidature du Bergeracois Henri Saux en 1992 (6,23 %) et celle d'un agriculteur retraité de Liorac, Henri Peyret-Lacombe en 1998 (9,54 %), le parti de Jean-Marie Le Pen se fixe comme (modeste) objectif de s'installer au-dessus de la barre des 10 %. C'est à nouveau Henri Peyret-Lacombe qui se présente.
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Christian Venancie, un maraîcher de... Saint-Agne, adhérent à la Confédération Paysanne est un candidat qui se définit comme un "gaulliste".
Il y a aussi un Couzot de 27 ans, Yvan Brunet.
Certains pensent que ces deux candidatures sont téléguidées en se basant sur le sage adage : A qui profite le crime ?
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LES EPISODES PRECEDENTS
Pourcentages de voix obtenues au premier tour des cantonales en 1992.
Saux |
6.23 |
Dudreuilh |
38.39 |
Suchod |
31.94 |
Péréa |
12.16 |
Verts (*) |
11.26 |
(*) Gouze, 5.81% et Labasse, 5.45 %
Pourcentages de voix obtenues au premier tour des cantonales en 1998.
Peyret-L. |
9.54 |
Carrard |
22.32 |
Suchod |
29.49 |
Péréa |
16.46 |
Mérillou |
22.19 |
La victoire incontestable de Philippe Dudreuilh en 1992 n'avait amené aucune réaction particulière. Le Conseiller Général avait mené son mandat à un train de sénateur.
Il n'en n'est pas de même en 1998. Michel Gargamel vire en tête, suivi de Christian Carrard... qui ne devance Serge Oui-oui que de 7 voix. Alors que Laurent Barbe-Rouge se désiste à nouveau pour Michel Gargamel - ce que l'intérressé qualifie de "soutien franc et massif" - , Serge Oui-oui se retire sans donner de consignes de vote - ce que Gargamel interprète comme un "oui, mais" - (et non un "Oui-oui").
Malgré cette coquetterie, au second tour, Michel Gargamel l'emporte (56,54 %) sur Christian Carrard (43,45 %), mais l'examen détaillé des résultats lui fait découvrir une félonie : Serge Oui-oui a fait voter Saint-Agne, dont il est maire, pour la droite !
- "Le meilleur score de Carrard est réalisé à Saint-Agne. Tout le monde a compris. C'est signé sottement dans la mesure où cette commune vote traditionnellement à gauche" accuse Michel Gargamel...
- "Le maire se Saint-Agne, pas plus que quiconque n'a à justifier le vote de ses administrés" se défend maladroitement Serge Oui-oui...
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LA CAMPAGNE
ou "Qui veut la peau de Roger Rabbit ?"
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En l'occurence, c'est Michel Gargamel qui est dans le collimateur.
Dans le collimateur de Serge Oui-oui, qui a réussi à obtenir le soutien du Conseil Général : Bernard Cazeau lâche ainsi son vice-président.
Il est vrai que la vengeance est un plat qui se mange froid.
Le soutien aussi du PS qui veut faire payer aux hommes de Chevènement l'élimination de Lionel Jospin au premier tour des élections présidentielles du 21 avril 2002.
"Il n'y a plus de place pour les promesses non tenues" écrit Serge Oui-oui, insistant "Je ne bâtis pas une carrière politique, moi". (On s'en souviendra !...).
Il est aussi dans le collimateur d'André Popeye qui solde ses comptes et mise sur le candidat PS pour liquider Michel Gargamel.
On voit partout le couple contre nature Popeye / Oui-oui : aux réunions du CIAS, aux voeux du GIASC, aux sessions des différentes communautés de communes...
Pierre Brunel se lamente : "le candidat PS a un directeur de campagne de droite".
A quelqu'un qui s'étonne d'un soutien aussi affiché à Serge Oui-oui, André Popeye réplique "Qui veut la fin veut les moyens".
Dans le collimateur (et cela peut paraître normal) du candidat de droite, Pierre Brunel qui dramatise sur "l'atmosphère de guerre civile et de haine entre les personnes" (lui qui est né à Tunis, que dirait-il alors de la situation de son pays en janvier 2011 ?...)
Il estime (en toute modestie !) qu'"il manque un fédérateur des énergies".
Mais, pas plus qu'à la CCBL ce ne sera lui.
Les résultats tombent qu soir du 21 mars.
Peyret-L
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11,43
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Brunel
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12.57
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Suchod
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20.33
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Péréa
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12.92
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Mérillou
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35.92
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(*) Venancie : 6.83 %
Certains affichent leur contentement :
Serge Oui-oui s'estime "triplement satisfait : je voulais être en tête, avoir au moins 30 % et un écart de 5 à 10 points". Avec la droite ? Oui, oui, mais surtout avec Michel Gargamel...
Michel Gargamel se dit "extrêmement content", "je craignais nettement pire" et estime que "c'est très ouvert".
Le soldat Henri Peyret-Lacombe rend compte : "mission remplie". Le Front National a franchi la barre des 10 % qu'il s'était fixé.
D'autres relativisent :
Laurent Barbe-Rouge, arrivé troisième, appelle à voter pour "le candidat le mieux placé à gauche".
D'autres, enfin, sont amers :
Pierre Brunel a subit une cuisante défaite, faisant chuter la droite, majoritaire en 1992 à son plus bas niveau, juste un point devant le FN. Sans panache, il explique son échec par le vote utile, "une partie des électeurs de droite et du centre a préféré voter Mérillou pour s'assurer de faire chuter Suchod". Il ne se pose même pas la question de savoir pourquoi ils n'ont pas, tout simplement, voté pour lui.
Refusant de choisir entre Michel Gargamel et Serge Oui-oui, il fait sienne la phrase de Jacques Duclos (candidat PC à la présidentielle de 1969, arrivé troisième à l'issue du premier tour et à qui l'on demandait ses consignes de vote entre Pompidou et Poher) "c'est bonnet blanc et blanc bonnet".
Le 28 mars, le second tour voit la victoire de Serge Oui-oui (68,39 %) sur Michel Gargamel (36,61 %)
EPILOGUE (Provisoire)
Le 20 juin suivant, Serge Oui-oui plante son mai de conseiller général en présence de Bernard Cazeau et de Laurent Barbe-Rouge. On a dit que "chacun y est allé de son coup de pelle"... Savaient-ils qu'ils enterraient un épisode de la vie du canton ?
Après sa démission de la CCBL et son échec aux cantonales, Pierre Brunel démissionne en avril du conseil municipal de Lalinde et quitte le département.
Michel Gargamel, à qui il ne restait que la présidence du Pays du Grand Bergeracois, démissionne en juin et regagne Paris.
André Popeye, rattrapé par les affaires, écope d'une peine d'inéligibilité et doit quitter sa chère mairie de Mauzac.
Désormais, trois Pieds Nickelés contrôlent le Lindois : la Mairie de Lalinde (PS), le Conseil Général (PS) et la CCBL (pas au PS mais très proche des deux précedents).
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